Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/106

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monstres, pourfendant des géants, voilà le Dieu… la fable et l’origine de la superstition ; mais de la superstition raisonnable, puisque celle-ci n’a pour base que la récompense de l’héroïsme, la reconnaissance due aux libérateurs d’une nation, au lieu que celle qui forge des êtres incréés, et jamais aperçus, n’a que la crainte, l’espérance, et le dérèglement d’esprit pour motifs. Chaque peuple eut donc ses Dieux, ses demi-dieux, ses héros, ses véritables histoires et ses fables ; quelque chose comme on vient de le voir, put être vrai dans ce qui concernait les héros ; tout fut controuvé, tout fut fabuleux dans le reste, tout fut ouvrage d’invention, tout fut roman, parce que les Dieux ne parlèrent que par l’organe des hommes, qui plus ou moins intéressés à ce ridicule artifice, ne manquèrent pas de composer le langage des fantômes de leur esprit, de tout ce qu’ils imaginèrent de plus fait pour séduire ou pour effrayer, et par conséquent de plus fabuleux ; « c’est une opinion reçue, (dit le savant Huet) que le nom de roman se donnait autrefois aux histoires, et qu’il s’appliqua depuis aux fictions, ce qui est un