Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/113

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posa un Artamène plus fou que tous les personnages de l’Astrée… un amant qui ne sait que pleurer du matin au soir, et dont les langueurs excèdent au lieu d’intéresser ; mêmes inconvénients dans sa Célie où elle prête aux Romains qu’elle dénature, toutes les extravagances des modèles qu’elle suivait, et qui jamais n’avaient été mieux défigurés.

Qu’on nous permette de rétrograder un instant, pour accomplir la promesse que nous venons de faire de jeter un coup d’œil sur l’Espagne.

Certes, si la chevalerie avait inspiré nos romanciers en France, à quel degré n’avait-elle pas également monté les têtes au delà des monts ? Le catalogue de la bibliothèque de dom Quichotte, plaisamment fait par Miguel Cervantes, le démontre évidemment ; mais quoi qu’il en puisse être, le célèbre auteur des mémoires du plus grand fou qui ait pu venir à l’esprit d’un romancier, n’avait assurément point de rivaux. Son immortel ouvrage connu de toute la terre, traduit dans toutes les langues, et qui doit se considérer comme le premier de tous les romans, possède sans doute plus qu’aucun d’eux, l’art de