Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/28

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la faire expliquer et à n’agir pour ou contre le père, qu’en raison de ce que répondrait la fille. Il l’envoie prendre.

— Juliette, lui dit-il d’un air sombre, tout ce qui vient de se passer, me convainc suffisamment que les dispositions de votre père sont bien éloignées d’être telles qu’il vous a plu de me le persuader ; les papiers de la Renaudie nous instruisent. À quoi me servirait-il de vous présenter à la reine, et qu’oseriez-vous dire à cette princesse ?

— Monsieur le duc, répond Juliette, je n’imaginais pas que la fidélité d’un homme qui a si bien servi sous vos ordres, qui s’est trouvé dans plusieurs combats à vos côtés, et duquel vous devez connaître les sentiments et le courage, pût jamais vous devenir suspecte.

— Les nouvelles opinions ont corrompu les âmes ; je ne reconnais plus le coeur des Français ; tous ont changé de caractère, en adoptant ces coupables erreurs.

— N’imaginez jamais que pour avoir dégagé votre culte de toutes les inepties dont de vils imposteurs osèrent le souiller, nous en devenions moins susceptibles des vertus qui nous viennent de la nature ; la première