Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/48

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recevoir ses ordres… mourir après, s’il l’eût fallu. Vous voyez, aux périls que j’ai franchis, qu’il n’est rien qui puisse m’être plus cher qu’elle…. Je sais ce qui m’attend…. ce que je mérite.

Chef de l’attaque qui vient de se faire, je sais que des chaînes et la mort vont devenir mon partage ; mais j’aurai vu ma Juliette, je serai consolé par elle, et les supplices ne m’effrayent plus si je les subis sous ses yeux.

Ne trahissez point votre devoir, monsieur ; voilà mes mains ; enchaînez-les…. vous le devez ; votre sang coule, et c’est moi qui l’ai répandu !

— Infortuné jeune homme, dit le brave Sancerre, console-toi ; ma blessure n’est rien ; ce sont des périls que tu as courus comme moi ; nous avons tous deux fait notre devoir. Quant à ton imprudence, Raunai, n’imagine pas que j’en abuse ; apprends que je ne compte au rang de mes prisonniers, que ceux que ma valeur enchaîne sur le champ de bataille. Tu verras celle que tu adores ; ne crains point que je manque aux devoirs de l’hospitalité ; tu les réclames chez moi, tu y seras libre comme dans ta propre