Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/58

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moi le ministre, anéanti du trouble qui me presse, je ne leur montre plus que l’amant. Avec l’âme que vous me connaissez, Sancerre, cette passion peut-elle être soumise à des devoirs ? Et vous étonnerez-vous de tous les moyens que je prendrai pour m’assurer l’objet de mon idolâtrie ?…… Non, il n’en sera aucun que je n’emploie pour devenir l’amant ou le mari de Juliette ; fortune, honneur, considération, crédit, espoir, hymen, enfants, tout…… tout s’immolera dans l’instant aux genoux de celle que j’adore, je ne me plaindrai que de la médiocrité des sacrifices ; et si comme vous le dites l’ambition pouvait me donner des remords, ce serait tout au plus ceux de ne pouvoir lui offrir que la seconde place de l’état.

Sancerre combattit vivement ces résolutions du délire, il employa tout ce qu’il crut de plus persuasif, et de plus éloquent ; mais, monsieur de Guise fut inébranlable ; et le comte n’osant plus insister se retira, content de rapporter au moins à sa protégée, la permission de voir le baron de Castelnau, promise depuis plusieurs jours, et retardée par les nouveaux troubles.