Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/77

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enfin, peut-il effrayer mes rivaux ? Mon dessein est de lui rendre un père…., un père innocent et qu’elle aime, je vous offre à ce prix l’aveu du secret qui vous intéresse, et vous avez ma vie si je vous en impose.

— Raunai, vous aimez Juliette, dit le duc, avec un trouble dont il lui fut impossible d’être maître.

— Si je l’aime, grand Dieu ! elle est l’unique arbitre de mes jours, elle seule dirige mon sort, elle est ma gloire sur la terre, mon espérance dans un monde meilleur…. elle est ma vie… elle est mon âme ; elle est tout, monsieur, tout pour l’infortuné qui vous parle.

— Vous auriez pu le dire avec plus de détours, vous deviez soupçonner qu’elle était aimée de moi, puisque je l’avais vue, et que vos transports n’étaient plus qu’une offense, dont il ne tient qu’à moi de me venger.

— Faites, monsieur, faites, répondit fermement Raunai, rendez-vous plus odieux que vous ne l’êtes, achevez de susciter pour ennemis à la France tous les individus qui l’habitent ; que tout ce qui respire dans cette