Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/79

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— Retirez-vous Raunai, dit le duc, trop bon politique pour ne pas se contenir à des reproches aussi durs et aussi mérités. Je ne puis rien vous dire avant que d’avoir entendu Castelnau…. Juliette doit vous savoir gré de ce que vous faites pour elle !

— Elle l’ignore, monsieur.

— Je veux le croire ; quoi qu’il en soit retirez-vous….

Et du ton de la plus sanglante ironie :

— Il faudra travailler à vous conserver tous ; des officiers aussi pleins d’ardeur doivent être précieux à l’état, et je ne veux pas que vous m’en regardiez toujours comme le tyran.

Raunai sortit, fâché de s’être trop livré à des mouvements, dont son amour et sa fierté l’avaient empêché d’être maître, et craignant qu’un peu trop de chaleur, n’eût plutôt gâté que servi les affaires du baron.

Pour monsieur de Guise, il ne tarda pas d’apprendre à son ami Sancerre, tout ce qui venait de se passer ; le comte n’avoua point qu’il savait Raunai dans la ville, mais il persista à engager le duc à des voies de