Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/102

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lui-même, ce silence, dis-je, n’est-il pas au-dessus de toutes les phrases ? Et ceux qui se sont enivrés de ces situations célestes, oseraient-ils dire qu’il puisse en exister de plus divines au monde… de plus impossibles à tracer ?

Cependant Juliette fit bientôt taire les accens de l’amour pour se livrer à ceux de la reconnaissance. Inquiète de l’état de monsieur de Sancerre, elle voulut partager avec la comtesse et les gens de l’art, le soin de veiller à sa sûreté. La blessure se trouvant sans aucune sorte de conséquence, le comte exigea alors de Juliette, d’aller employer près de son amant des instans aussi précieux. Mademoiselle de Castelnau obéit, et ayant laissé la comtesse avec son mari, elle vint retrouver Raunai. Elle lui apprit tout ce qui s’était passé depuis leur séparation, elle ne lui cacha point les vues de monsieur de Guise. Raunai s’en alarma. Un rival de cet ordre est fait pour inquiéter un amant, et un amant coupable, qu’un seul mot de ce rival terrible, peut à l’instant couvrir de chaînes.