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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/116

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que mes revers m’empêchent de t’accorder… Et Juliette, anéantie dans les bras de son père, ne pouvait que gémir et répandre des larmes. Ne pleure pas, chère fille, reprit le baron, ne t’afflige pas ; tu le retrouveras dans le ciel ce père infortuné que l’on t’enlève sur la terre ; il va préparer l’Être Suprême à te faire jouir des faveurs que ta conduite et ta religion doivent te faire espérer de lui… — il va t’attendre dans le sein d’un Dieu… Ô ! ma fille, voilà donc ce que c’est que le monde… ses espérances… et ses biens !… Élevé à la cour, fait pour prétendre à tout, l’ami, le compagnon ces gens-ci, ayant versé près d’eux mon sang pour la patrie… parce que je ne veux pas adopter leurs erreurs…… parce que je hais leurs sacriléges et leur impiété…… que je veux en un mot, adorer Dieu dans la pureté de l’Évangile… — tous ces amis… tous ces camarades sont aujourd’hui mes juges, et demain seront mes bourreaux. Eh ! qui leur a donc dit que leur cause est la bonne ? Ont-ils entendu mieux que moi la pa-