Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/119

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s’écria ce malheureux père, daignez vous contenter de mon supplice ; ne permettez pas que cette fille chérie devienne la victime des méchans ! son seul crime est de vous servir… de vous adorer comme vous avez desiré de l’être… comme vous l’avez enseigné par votre sainte loi… Voudriez-vous, Seigneur, que ses vertus et sa religion, que tout ce qui l’approche le plus de votre sublime essence, devint la cause de son opprobre, de ses tourmens et de sa mort !… Et l’infortuné Castelnau retombait en larmes dans le sein de sa fille ; il la serrait… il la pressait entre ses bras. Craignant peut-être que ce ne fût la dernière fois qu’il lui devint permis de la voir, son ame paternelle s’exhalait toute entière dans ses sombres carresses ; on eut dit qu’il voulait la confondre avec celle de sa fille, afin que quelque chose de lui pût exister encore dans l’objet le plus précieux qui lui restât sur la terre.

O ! mon père, dit Juliette, au milieu des sanglots que lui arrachait cette scène de douleur ; Puis-je consentir à votre sup-