Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/199

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fait des extravagances, et je devrais vous en gronder. — Si le seul être que j’aime dans le monde a pu goûter un instant de plaisir, ce que j’ai fait alors peut-il se traiter comme vous le dites ? — On n’imagina rien de plus galant, mais cette profusion m’a déplu. — Et le sentiment qui m’inspira tout, vous a-t-il également fâché ? — Vous voulez deviner mon cœur ? — Je desirerais bien plus, je voudrais y régner. — Au moins êtes-vous bien sûr que personne n’y pourrait avoir plus de droit. — C’est enflammer l’espoir à côté de l’incertitude, et c’est troubler tous les charmes de l’un, par les affreux tourmens de l’autre. — Ne serais-je pas la plus malheureuse des femmes, si je croyais au sentiment que vous cherchez à peindre ? — Et moi, le plus infortuné des hommes, si je ne parvenais à vous l’inspirer. — Ô ! Ceilcour, vous voulez me faire pleurer toute ma vie le bonheur de vous avoir connu ! — Je voudrais vous le faire chérir, je voudrais que cet instant dont vous parlez, fût aussi précieux pour vous, que le sont à mon cœur, ceux où l’amour me