Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/219

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de verdure qu’on parcourt au milieu d’une forêt de rosiers, de lilas et de jasmins. En vérité votre prince est un fou, dit la comtesse aux deux génies qui l’accompagnent ; mais en prononçant ces mots elle change de couleur, et il devient facile de discerner sur les traits de sa physionomie, comme elle est orgueilleuse et flattée des soins que l’on prend pour la surprendre et pour l’intéresser. Elle avance : Princesse, lui dit un des deux génies qui la guide, toutes ces bagatelles, toutes ces frivolités que vos yeux plus brillans que l’éclair peuvent appercevoir dans ces boutiques, vous sont offertes ; nous vous supplions de vouloir bien choisir, et ce que vos doigts d’albâtre auront daigné toucher, se retrouvera ce soir dans les appartemens qui vous sont destinés. Cela est trop honnête, répond la comtesse ; je sais combien je fâcherais le maître de ces lieux, si je refusais cette galanterie, mais je serai discrète ; et s’avançant dans les avenues elle parcourt tantôt à droite, tantôt à gauche les boutiques qui lui paraissent