Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/41

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feuille, l’homme de génie la respire et la peint : voilà celui que nous lirons.

Mais en te conseillant d’embellir, je te défends de t’écarter de la vraisemblance : le lecteur a droit de se fâcher quand il s’apperçoit que l’on veut trop exiger de lui ; il voit bien qu’on cherche à le rendre dupe ; son amour-propre en souffre, il ne croit plus rien, dès qu’il soupçonne qu’on veut le tromper.

Contenu d’ailleurs par aucune digue, use, à ton aise, du droit de porter atteinte à toutes les anecdotes de l’histoire, quand la rupture de ce frein devient nécessaire aux plaisirs que tu nous prépares ; encore une fois, on ne te demande point d’être vrai, mais seulement d’être vraisemblable ; trop exiger de toi serait nuire aux jouissances que nous en attendons : ne remplace point cependant le vrai, par l’impossible, et que ce que tu inventes soit bien dit ; on ne te pardonne de mettre ton imagination à la place de la vérité que sous la clause