Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’il fallait pour, s’approcher d’Amboise et pour en reconnaître les environs. Condé venait d’arriver dans cette ville ; il lui avait été facile de voir, en y entrant, qu’il était vivement soupçonné ; il crut se déguiser par des propos, dont on ne fut pas dupe. Il affecta de paraître plus empressé que qui que ce fût, à l’extinction des protestans, et par cette ruse peu naturelle, il ne satisfit nullement le parti du roi, et se fit soupçonner par le sien.

Cependant les dispositions du parti opposé continuaient de se faire avec vigueur. Le baron de Castelnau-Chalosse s’approchant du côté de Tours avec les troupes de la province qui lui étaient départie, avait près de lui deux personnages, dont il est temps de donner l’idée ; l’un, était Raunai, jeune héros, d’une figure charmante, plein d’esprit, d’ardeur et de zèle ; il commandait sous le baron ; l’autre était la fille de ce premier chef, dont Raunai, depuis l’enfance, était éperduement amoureux.

Juliette de Castelnau, âgée de vingt ans, était l’image de Bellone ; grande,