Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/73

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Sancerre ayant, dans ce cas-ci, préféré la sagesse et la prudence à la valeur qui le distinguait ordinairement, Sancerre, qui sait que dans des troubles intérieurs, la victoire appartient plutôt à celui qui épargne le sang, qu’à l’imprudent qui le prodigue, revient sans honte dans Amboise, rendre compte aux Guises de son peu de succès.

Sancerre, vieux officier, plein de mérite, ami des Guises, mais franc, loyal, ce qu’on appelle un véritable Français, n’avait pourtant pas été assez occupé de son expédition, qu’il n’eût eu le temps d’appercevoir les attraits de Juliette ; il en fit les plus grands éloges au duc. Après avoir peint la noblesse de sa taille et les agrémens de sa figure, il la loua sur son courage ; il l’avait vu au milieu du feu se défendre, attaquer, n’évitant les dangers qui la menacent que pour en répandre autour d’elle, et cette vaillance peu commune, rendait assurément du plus grand intérêt celle qui joignait à toutes les grâces de son sexe, des vertus qui s’y alliaient aussi rarement.