Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/85

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vous le redis pour la dernière fois… je vous adore… je puis tout pour vous… il ne sera rien que je n’entreprenne… ou mon amour, ou ma vengeance… Choisissez… Je vous laisse à vos réflexions.

Juliette rentra chez le comte de Sancerre ; le connaissant pour un brave militaire, incapable d’une lâcheté ou d’une trahison, elle ne lui cacha pas ce qui venait de se passer. Elle surprit infiniment ce général ; il devint prêt à se repentir de s’être mêlé de la négociation. Juliette demanda au comte, si dans une aussi affreuse circonstance, il ne serait pas mieux qu’elle retournât près du baron de Castelnau. Monsieur de Sancerre n’osa lui rien conseiller, de peur d’aigrir le duc de Guise ; mais il lui dit qu’elle ferait bien d’en demander la permission expresse, soit au duc, soit au cardinal. Mademoiselle de Castelnau, très-fâchée d’être venue se prendre dans un tel piége, s’adressa au prince de Condé, qui, révolté des procédés du duc, lui promit de faire avertir sur-le-champ le baron de tout ce qui se passait.