Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/95

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— Ah ! souffrez du moins que j’aille embrasser ses genoux, ne m’empêchez-pas, monsieur, d’aller arroser son sein de mes larmes ; je lui ferai part de vos projets ; s’il les approuve, s’il préfère la vie à l’honneur de sa fille… peut-être immolerai-je mon amour. Mon père est tout ce que j’ai de plus sacré : il n’en est aucun dans le monde dont j’aimasse mieux être la fille…… Mais, monsieur le duc, quelle action ! n’aurez-vous nul remords d’une victoire acquise au prix de tant de crimes… d’un triomphe dont vous ne jouirez qu’en nous couvrant de larmes… qu’en plongeant trois mortels au sein de l’infortune ? quelle différente opinion j’avais de votre âme…… je la supposais l’asile des vertus, et je n’y vois régner que des passions.

Le duc promit à Juliette qu’il lui serait permis de voir son père, et elle se retira dans le plus grand accablement.

Cependant, disent nos historiens, « tout prenait dans Amboise le train de la plus excessive rigueur ; les capitaines envoyés par le duc de Guise, ne furent