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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 2, 1799.djvu/107

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percé de treize poignards, tous encore dans les plaies sanglantes qu’ils venaient d’entr’ouvrir. Voilà ton amant, perfide, voilà comme ma vengeance le rend à tes indignes vœux, dit Granwel ;… traître, s’écrie Henriette, en réunissant toutes ses forces pour ne pas succomber dans un moment aussi terrible pour elle… Ah ! tu ne m’as point trompée, tous les excès du crime doivent appartenir à ton âme féroce, il n’y aurait que la vertu qui m’eût surpris dans elle ; laisse-moi mourir là, cruel, c’est la dernière grâce que je te demande. Tu n’obtiendras pas cette faveur encore, dit Granwel avec cette fermeté froide, unique partage des grands scélérats… ma vengeance n’est goûtée qu’à demi, il en faut assouvir le reste ; voilà l’autel qui va recevoir vos sermens, c’est-là que je veux entendre de votre bouche celui que vous allez me faire de m’appartenir à jamais.

Granwel veut être obéi… Henriette assez courageuse pour résister à cette crise épouvantable… Henriette, en qui