Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 2, 1799.djvu/154

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nant), était dans ce cahos d’idées sombres… de remords… et d’appréhensions terribles, sans que les douceurs du sommeil eussent pu calmer son état, lorsque Franlo vint la prier de se lever afin d’être embarquée avant le jour ; elle obéit, et se jette dans le bateau la tête enveloppée dans des coêffes qui déguisaient les traits de sa douleur, et qui cachaient ses larmes au cruel qui les faisait couler. On avait préparé dans la barque un petit réduit de feuillages où elle pouvait aller se reposer en paix ; et Franlo, on doit le dire à sa justification, Franlo qui voyait le besoin que sa triste épouse avait d’un peu de calme, l’en baissa jouir sans la troubler. Il est quelques traces d’honnêteté dans l’âme des scélérats, et la vertu est d’un tel prix aux yeux des hommes, que les plus corrompus mêmes sont forcés de lui rendre hommage dans mille occasions de leur vie.

Les attentions que cette jeune femme voyait qu’on avait pour elle, la calmaient néanmoins un peu ; elle sentit