Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 2, 1799.djvu/162

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manderez en mon absence ; quelque bonne foi qu’il y ait entre nous, vous imaginez bien pourtant que dès qu’il s’agira de nos intérêts, je me fierai toujours plutôt à vous qu’à mes camarades. Or, quand je vous enverrai des prisonniers, il faudra les faire dépouiller vous-même, et les faire égorger devant vous. Moi, monsieur, s’écria mademoiselle de Faxelange, en reculant d’horreur, moi plonger mes mains dans le sang innocent, ah ! faites plutôt couler le mien mille fois, que de m’obliger à une telle horreur. Je pardonne ce premier mouvement à votre faiblesse, madame, répondit Franlo, mais il n’est pourtant pas possible que je puisse vous éviter ce soin, aimez-vous mieux nous perdre tous, que de ne le pas prendre ? — Vos camarades peuvent le remplir. — Ils le rempliront aussi, madame ; mais vous seule recevant mes lettres, il faut bien que ce soit d’après vos ordres émanés des miens qu’on enferme ou qu’on fasse périr les prisonniers : mes gens exécuteront sans doute, mais il faut que vous leur fas-