Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 2, 1799.djvu/19

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retenue depuis quinze jours dans sa chambre par une fluxion, non-seulement n’avait pu être de la dernière partie du Ranelagh, mais se voyait même privée du plaisir d’accompagner sa cousine à l’Opéra, où l’on devait aller le lendemain.

Aussi-tôt que Granwel fut instruit de ce projet de spectacle par les espions placés près de sa maîtresse, il ne manqua pas d’en vouloir tirer parti ; de plus amples informations lui apprennent qu’on se servira d’une voiture de remise, lady Wateley ayant besoin de ses chevaux pour envoyer prendre son médecin. Granwel vole aussi-tôt chez le maître du carrosse, qui doit être loué à Henriette, et obtient facilement qu’une roue de ce carrosse se brisera à trois ou quatre rues de distance du point où doivent partir ces dames, et sans réfléchir qu’un tel accident peut coûter la vie à celle qu’il chérit ; uniquement occupé de son stratagême, il en paie largement l’exécution, et revient tout joyeux chez lui, d’où il repart à l’heure juste où l’on lui apprend