Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 2, 1799.djvu/24

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laquelle il trouva un esprit infini, des connaissances étendues, un goût délicat, et tout ce qu’il aurait peut-être eu bien de la peine à rencontrer dans une fille du plus haut rang, qui n’aurait jamais quitté la capitale.

Granwel après le spectacle ramena les deux dames dans Cecil-Stret, et lady Stralson n’ayant eu lieu que de se louer de lui, l’invita d’entrer chez sa parente. Lady Wateley qui ne connaissait Granwel que très-imparfaitement, le reçut néanmoins à merveille ; elle l’engagea à souper, mais le lord trop adroit pour se jeter ainsi à la tête, prétexta une affaire importante, et se retira mille fois plus embrâsé que jamais.

Un caractère comme celui de Granwel n’aime pas communément à languir, les difficultés l’irritent ; mais celles qui ne peuvent se vaincre, éteignent les passions dans une telle âme au lieu de les enflammer ; et comme il faut à ces sortes d’individus un aliment perpétuel, l’objet changerait sans doute, si l’idée du triomphe s’anéantissait sans espoir.