Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 2, 1799.djvu/32

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vos discours, je vois à l’état de vos porteurs, et qu’ils sont ivres, et qu’ils se sont trompés ; n’est-il pas heureux dans cette circonstance que ce soit chez lady Edward ma parente, que ce léger accident vous arrive, donnez-vous la peine d’entrer, miss, renvoyez ces coquins avec lesquels votre vie n’est pas en sûreté, et permettez aux valets de ma cousine, d’aller vous chercher des gens sûrs.

Il était difficile de refuser une proposition comme celle-là : Henriette n’avait vu mylord qu’une fois, elle n’avait pas eu à s’en plaindre, elle le retrouvait à l’entrée d’une maison dont les appartemens ne lui présageaient rien que d’honnête ; à supposer même qu’il y eût eu quelques dangers à accepter ce qu’on lui proposait, n’y en avaient-ils pas davantage à rester dans les mains de gens ivres, et qui, déjà piqués des reproches que leur adressait Henriette, se proposaient de la laisser là ? Elle entre donc en demandant un million d’excuses à Granwel ; le lord congédie lui-même les