Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Laurence t’aimait, t’aurait-elle trahi ? — La perfide, je ne lui pardonnerai de mes jours ! — Et dans ce cas peux-tu la laisser vivre ? dois-je le souffrir moi-même ? puis-je permettre qu’une femme qui te déshonore trouve un asile dans ma maison ?… et cette postérité que j’attends de toi… que je desire, qui doit faire ma consolation… peux-tu t’y soustraire mon fils ?… il te faut une femme… il t’en faut une absolument, et ne pouvant en avoir deux, il faut donc sacrifier celle qui t’outrage, à celle de qui nous devons attendre notre mutuel bonheur. Que la femme que tu prendras soit le lien par lequel je roulais enchaîner la discorde et terminer nos différens, ou qu’une autre te convienne mieux, de toute manière, il te faut une épouse ; ce devoir irrésistible est l’arrêt de Laurence. — Mais pouvons-nous prononcer seuls sur le sort de cette coupable ? Assurément, dit Charles, il est inutile de publier notre infamie ; et d’ailleurs la politique des princes sur cette matière, peut-elle jamais être celle des peuples ? qu’espères-