Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jets d’ambition, si tu ne peux offrir au peuple, sur lequel tu prétends régner, une compagne qui en soit aussi digne que toi ; mais que m’importent homme lâche et crédule, que m’importent ta honte et ta flétrissure ! languis, languis en paix dans les fers où cette misérable te captive, aimes-là criminelle et coupable, respecte-la, t’accablant de sa haine et de son mépris… sois vil aux yeux de toute l’Europe, mais bannis de ce cœur faible l’ambition qu’en vain tu voudrais allier avec tant de bassesse ; des sentimens de grandeur et de gloire peuvent-ils naître dans une âme de boue ? Flétris-toi seul au moins, n’exige point que je partage ton déshonneur, n’imagine pas de m’y envelopper, je saurai fuir la présence d’un fils si peu digne de moi… expirer loin d’une infamie qu’il n’eut pas la force de venger.

De fausses larmes vinrent prêter encore plus d’énergie aux épouvantables discours de Charles ; Antonio se laissa convaincre… Laurence n’était plus sous ses yeux, tout la peignait infidelle ; il