Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/127

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poids de ses fers, qu’elle y succombe, où qu’elle m’implore.

La cruelle Camille exécute sur-le-champ les ordres de son maître, on traîne Laurence dans une chambre où pénètrent à peine les rayons du soleil, elle y est revêtue d’une robe noire ; on lui annonce qu’on n’entrera chez elle que tous les trois jours pour lui porter une nourriture bien inférieure à celle qu’elle a eue jusqu’alors. Ses livres, sa musique, les moyens de tracer ses idées, tout lui est ravi cruellement ; mais quand Camille demande le portrait, quand elle veut l’enlever des mains de sa maîtresse, Laurence pousse des cris effrayans vers le Ciel — non, dit-elle, non, ne m’ôtez pas ce qui peut calmer mon sort, au nom de Dieu, ne me l’arrachez pas, prenez mes jours, vous en êtes les maîtres, mais que j’expire au moins sur ce portrait chéri, mon unique consolation est de lui parler,… de le baigner à chaque instant de mes larmes… Ah ! ne me privez pas du seul bien qui me reste… je lui peins mes maux, il m’entend… son doux regard les adou-