Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/142

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une sorte de pain suédois fort en usage à la campagne, fait avec les écorces du sapin et du bouleau, mêlées à de la paille, à quelques racines sauvages, et pétries avec de la farine d’avoine ; en faut-il plus pour satisfaire au véritable besoin ? Le philosophe qui court le monde pour s’instruire, doit s’accommoder de toutes les mœurs, de toutes les religions, de tous les temps, de tous les climats, de tous les lits, de toutes les nourritures, et laisser au voluptueux indolent de la capitale ses préjugés… son luxe… ce luxe indécent qui, ne contentant jamais les besoins réels, en crée chaque jour de factices aux dépends de la fortune et de la santé.

Nous étions sur la fin de notre repas frugal, lorsqu’un des ouvriers de la mine, en veste et culotte bleues, le chef couvert d’une mauvaise petite perruque blonde, vint saluer Falkeneim en suédois ; mon guide ayant répondu en allemand par politesse pour moi, le prisonnier (car c’en était un) s’entretint aussitôt dans cette langue. Ce malheureux