Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/183

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le moindre ami dans la capitale qui eût parlé pour nous. Ernestine… veux-tu perdre toutes ces faveurs ? prétends-tu donc manquer ta fortune et la mienne ? Non, mon père, répondit fermement la fille de Sanders, non ; mais j’exige de vous une grâce, c’est de mettre, avant tout, le comte à une épreuve à laquelle je suis sûre qu’il ne résistera pas ; s’il veut vous faire tout le bien qu’il dit, et qu’il soit honnête, il doit vous continuer son amitié sans le plus léger intérêt ; s’il y met des conditions, il y a tout à craindre dans sa conduite ; de ce moment, elle est personnelle, de ce moment, elle peut être fausse ; ce n’est plus votre ami qu’il est, c’est mon séducteur. — Il t’épouse. Il n’en fera rien ; d’ailleurs, écoutez-moi, mon père, si les sentimens qu’a pour vous le comte, sont réels, ils doivent être indépendans de ceux qu’il a pu concevoir pour moi ; il ne doit point vouloir vous faire plaisir, dans la certitude de me faire de la peine ; il doit, s’il est vertueux et sensible, vous faire tout le bien qu’il vous promet, sans exiger que j’en soie