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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/190

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monsieur, votre parole par écrit, que vous renoncez absolument aux prétentions que vous avez témoigné pour Ernestine, ou j’attends, sans cela, de vous voir accepter l’une de ces deux armes, afin de nous brûler la cervelle ensemble.

Le sénateur, un peu étourdi du compliment, commença d’abord par demander à Herman s’il réfléchissait bien à la démarche qu’il faisait, et s’il croyait qu’un homme de son rang dût quelque réparation à un subalterne comme lui ?

Point d’invectives, monsieur, répondit Herman, je ne viens pas ici pour en recevoir, mais pour vous demander raison, au contraire, de l’outrage que vous me faites en voulant séduire ma maîtresse ; un subalterne, dites-vous ? Sénateur, tout homme à droit d’exiger d’un autre, la réparation ou du bien qu’on lui enlève, ou de l’offense qu’on lui fait ; le préjugé qui sépare les rangs est une chimère ; la nature a créé tous les hommes égaux, il n’en est pas un seul qui ne soit sorti de son sein pauvre et nud, pas un