Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/192

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vous, elle a mieux fait, elle a dit que vous vouliez me servir. — Si cela est, quel peut donc être le motif de votre imprudence ? — La crainte d’être trompé, la certitude que quand on aime Ernestine, il est impossible de renoncer à elle, le desir de m’éclaircir enfin. — Vous le serez bientôt, Herman, et quoique je ne vous ne dusse que des reproches pour l’indécence de votre action… que cette démarche inconsidérée dût peut-être, faire varier mes desseins en faveur de la fille du colonel, je tiendrai pourtant ma parole… oui, Herman, vous épouserez Ernestine, je l’ai promis, cela sera ; je ne vous la cède point, jeune homme, je ne suis fait pour vous rien céder, c’est Ernestine seule qui obtient tout de moi, et c’est à son bonheur que j’immole le mien. — Ô ! généreux mortel. — Vous ne me devez rien, vous dis-je, je n’ai travaillé que pour Ernestine, et ce n’est que d’elle, que j’attends de la reconnaissance. — Permettez que je la partage, sénateur, permettez qu’en même temps, je vous fasse mille excuses de ma viva-