Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/201

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dit Herman en se jetant aux pieds de sa belle maîtresse, puisse Ernestine, ne cédant jamais aux sollicitations qui vont lui être faites, se bien persuader, qu’il ne peut exister un seul homme sur la terre dont elle soit aimée comme de moi ; et l’infortuné jeune homme osa supplier Ernestine de lui laisser cueillir sur ses lèvres de rose, un baiser précieux qui pût lui tenir lieu du gage qu’il exigeait de ses promesses ; la sage et prudente Sanders qui n’en avait jamais tant accordé, crut devoir quelque chose aux circonstances, elle se pencha dans les bras d’Herman, qui brûlé d’amour et de desir, succombant à l’excès de cette joie sombre, qui ne s’exprime que par des pleurs, scella les sermens de sa flamme sur la plus belle bouche du monde, et reçut de cette bouche encore imprimée sur la sienne, les expressions les plus délicieuses et de l’amour et de la constance.

Cependant elle sonne cette heure funeste du départ ; pour deux cœurs véritablement épris, quelle différence y