Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/240

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craignez rien, ne craignez rien, dit Ernestine, en montant dans la voiture qui l’attendait, j’ai trop d’envie de réparer mon honneur, pour m’avilir par des moyens si bas… vous serez content de ceux que j’employerai, comte, ils nous honoreront l’un et l’autre. Adieu.

Ernestine se rend chez elle… elle s’y rend au milieu de cette place où son amant vient de périr, elle y traverse la foule qui vient de repaître ses yeux de cet effrayant spectacle ; son courage la soutient, ses résolutions lui donnent des forces, elle arrive ; son père rentrait au même instant ; le perfide Oxtiern avait eu soin de le faire retenir tout le temps utile à son crime… Il voit sa fille échevelée… pâle, le désespoir dans l’âme, mais l’œil sec néanmoins, la contenance fière et la parole ferme. — Enfermons-nous, mon père, j’ai à vous parler. — Ma fille, tu me fais frémir… qu’est-il arrivé ? tu es sortie pendant mon absence… on parle de l’exécution d’un jeune homme de Nordkoping… je suis rentré dans un trouble… dans une agitation, explique-