Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donner ? — Grand dieu ! quand c’est ma main qui te plonge au tombeau ! ô chère âme par combien de traits envenimés le ciel veut-il donc nous écraser à la fois. — Tout ceci est encore l’ouvrage du perfide Oxtiern… Un inconnu m’a abordé, il m’a dit de la part de ce monstre, d’observer le plus grand silence, de crainte d’être séparé, et d’attaquer celui qui serait vêtu comme vous l’êtes, que celui-là seul serait le comte… Je l’ai cru, ô comble affreux de perfidie !… j’expire… mais je meurs au moins dans vos bras, cette mort est la plus douce que je pus recevoir après tous les maux qui viennent de m’accabler ; embrassez-moi mon père, et recevez les adieux de votre malheureuse Ernestine.

L’infortunée expire après ces mots ; Sanders la baigne de ses larmes… mais la vengeance appaise la douleur. Il quitte ce cadavre sanglant pour implorer les loix… mourir… ou perdre Oxtiern… ce n’est qu’aux juges qu’il veut avoir recours ;… il ne doit plus… il ne peut plus se compromettre avec un scélérat,