Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/257

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poir de me couper la gorge avec vous. Falkeneim voulut servir de médiateur et séparer ces deux adversaires. Monsieur, lui dit sèchement le colonel, vous savez les outrages que j’ai reçus de cet homme ; les mânes de ma fille exigent du sang, il faut qu’un de nous deux reste sur la place ; Gustave est instruit, il sait mon projet ; en m’accordant la liberté de ce malheureux, il ne l’a point désapprouvé ; laissez nous donc faire, monsieur, et le colonel jetant son habit bas, met aussi-tôt l’épée à la main… Oxtiern la met aussi, mais à peine est-il en garde, que prenant son épée par le bout, en saisissant de la main gauche la pointe de celle du colonel, il lui présente la poignée de son arme, et fléchissant un genou en terre, messieurs, dit-il, en nous regardant, je vous prends à témoins tous deux de mon action, je veux que vous sachiez l’un et l’autre que je n’ai pas mérité l’honneur de me battre contre cet honnête homme, mais que je le laisse libre de ma vie, et que je le supplie de me l’arracher… « Prenez