Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/260

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et moi, j’ai pourvu à tout, la voiture qui est dans l’auberge où nous nous dirigions, n’est destinée que pour Oxtiern, mais il peut vous y ramener l’un et l’autre, mes chevaux m’attendent d’un autre côté, je vous salue ; j’exige votre parole, d’honneur, que vous rendrez compte au roi de ce que vous venez de voir. Oxtiern veut se jeter encore une fois dans les bras de son libérateur, il le conjure de lui rendre son amitié, de venir habiter sa maison et de partager sa fortune. Monsieur, dit le colonel en le repoussant, je vous l’ai dit, je ne puis accepter de vous, ni bienfaits, ni amitié, mais j’en exige de la vertu, ne me faites pas repentir de ce que j’ai fait… Vous voulez, dites vous, me consoler de mes chagrins ; la plus sûre façon est de changer de conduite ; chaque beau trait que j’apprendrai de vous dans ma retraite, effacera peut-être de mon âme les profondes impressions de douleurs que vos forfaits y ont gravé ; si vous continuez d’être un scélérat, vous ne commettrez pas un seul crime qui ne replace aussi-tôt sous mes yeux l’image de celle que