Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/45

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Ce fut lors du plus grand éclat de cette famille[1], lorsque tout prospérait autour d’elle, que Charles Strozzi, frère de celui qui soutenait la splendeur du nom, moins livré aux affaires du gouvernement qu’à ses fougueuses passions, profitait du crédit immense de sa famille pour les assouvir plus impunément.

Il est rare que les moyens de la grandeur, en flattant les desirs dans une âme mal née, ne deviennent bientôt ceux du crime ; que n’entreprendra point le scélérat heureux qui se voit au-dessus des loix par sa naissance, qui méprise le Ciel par ses principes, et qui peut tout par ses richesses ?

Charles Strozzi, l’un de ces hommes dangereux, à qui rien ne coûte pour se satisfaire, atteignait sa quarante-cinquième année, C’est-à-dire, l’âge où les forfaits n’étant plus la suite de l’impétuosité du sang, se raisonnent, se combinent avec plus d’art, et se commettent avec moins de remords. Il venait de

  1. De 1528 à 1537.