Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

charme de l’exécuter : l’on eut dit que ces cœurs horribles étaient l’ouvrage de l’Enfer.

Camille n’avait nulle raison de jalousie qui pût légitimer les horreurs dont elle consentait à se charger ; n’ayant jamais été dans le cas d’aucune rivalité avec sa maîtresse, pourquoi l’aurait-elle enviée ? Mais on proposait à Camille des atrocités, il n’en fallait pas davantage pour une femme qui, de son propre aveu, n’était jamais plus contente que quand on la mettait à même de mal faire.

Strozzi parfaitement au fait du caractère de ce monstre, ne lui cache plus que son plan est d’abuser de Laurence ; que ce dessein, au reste, n’alarme point Camille, c’est une simple fantaisie qui n’empêchera pas Charles de laisser à la fidelle duègne l’entière possession de son amour. Camille effrayée d’abord, se rassure néanmoins après ; elle desire le cœur de Strozzi, sans doute ; mais comme c’est bien plutôt par intérêt ou méchanceté que par délicatesse, dès que Charles sa-