Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/77

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vérité de mœurs, dont vous ne recueillerez que des privations ; la leçon d’Urbain est faite, mon enfant, vous ne courez avec lui nuls dangers. À l’égard de la lésion bizarre que vous craignez de faire aux sentimens dus à votre époux, elle est nulle ; un mal qu’on ignore n’affecte jamais ; m’alléguerez-vous l’amour ? mais la satisfaction d’un besoin n’outrage en rien des sentimens moraux, réservez pour votre époux tout ce qui tient à la métaphysique de l’amour, et qu’Urbain jouisse du reste ; je dis plus, quand même l’image de cet époux chéri, viendrait à s’oublier, quand même les plaisirs goûtés avec Urbain, parviendraient à éteindre l’amour, que vous conservez follement pour un être, que les dangers de la guerre vous raviront peut-être au premier moment, où serait donc le crime à cela ? Eh Laurence !… Laurence, votre époux même instruit de tout, serait le premier à vous dire, que la plus grande de toutes les folies est de resserrer entre soi des desirs, qui, étendus… qui, multipliés, peuvent, de deux captifs volon-