Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/11

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canton qu’il habite. S’y trouvait-il un être malheureux, la maison de Dorgeville lui était à l’instant ouverte ; y avait-il une bonne œuvre à faire, il en disputait l’honneur à ses voisins ; une larme coulait-elle, en un mot, la seule main de Dorgeville volait aussi-tôt l’essuyer ; et tout le monde, en bénissant son nom, disait, du fond de l’âme : — « Voilà l’homme que la nature destine à nous dédommager des méchans… Voilà les dons qu’elle fait quelque fois à la terre pour la consoler des maux dont elle l’accable. »

On aurait desiré que Dorgeville se maria ; des individus d’un tel sang fussent devenus précieux à la société ; mais absolument inaccessible jusqu’alors aux attraits de l’amour, Dorgeville avait à peu-près déclaré qu’à moins que le hazard ne lui fit trouver une fille, qui, bien à lui par la reconnaissance, se trouva comme chargée de faire son bonheur, il ne se marierait certainement pas ; on lui avait offert plusieurs partis, il les avait tous refusé, ne trouvant,