Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/143

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drais-je après ? Prude, dévote, ou catin ? Eh ! non, non. J’aime mieux être ta maîtresse, mon ami. Oui, je t’aime mieux cent fois, que d’être réduite à jouer dans le monde l’un ou l’autre de ces rôles infâmes… Mais quelle est la cause de tout ce train, poursuivait Eugénie avec aigreur ?… La sais-tu, mon ami ? Quelle elle est ?… Ta femme ?… Elle seule… Son implacable jalousie… N’en doute point, voilà les seuls motifs des malheurs dont on nous menace… Ah ! je ne l’en blâme point : tout est simple… tout se conçoit… tout se fait quand il s’agit de te conserver, Que n’entreprendrais-je pas si j’étais à sa place, et qu’on voulût m’enlever ton cœur ?

Franval, étonnamment ému, embrasse mille fois sa fille ; et celle-ci, plus encouragée par ces criminelles caresses, développant son âme atroce avec plus d’énergie, hazarda de dire à son père, avec une impardonnable impudence, que la seule façon d’être moins observés l’un et l’autre était de donner un amant à sa mère. Ce projet divertit Franval ;