Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/148

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au monde, ce qui doit m’unir plus intimement à elle, deviendrait la raison qui m’en éloignerait ? C’est parce qu’elle me ressemblerait, parce qu’elle serait issue de mon sang, c’est-à-dire, parce qu’elle réunirait tous les motifs qui peuvent fonder le plus ardent amour, que je la verrais d’un œil froid ?… Ah ! quels sophismes… quelle absurdité ! Laissons aux sots ces ridicules freins, ils ne sont pas faits pour des âmes telles que les nôtres ; l’empire de la beauté, les saints droits de l’amour, ne connaissent point les futiles conventions humaines ; leur ascendant les anéantit comme les rayons de l’astre du jour épure le sein de la terre des brouillards qui la couvrent la nuit. Foulons aux pieds ces préjugés atroces, toujours ennemis du bonheur ; s’ils séduisirent quelquefois la raison, ce ne fut jamais qu’aux dépens des plus flatteuses jouissances… qu’ils soient à jamais méprisés par nous. Tu me convaincs, répondit Valmont, et je t’accorde bien facilement, que ton Eugénie doit être une maîtresse déli-