Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/15

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borde le chemin, des gémissemens qui l’arrêtent d’abord par curiosité, bientôt après, par ce mouvement si naturel à son cœur de soulager tous les individus souffrans, il donne son cheval à son domestique, franchit le fossé qui le sépare de la haie, la tourne, et parvient enfin au lieu même d’où partaient les plaintes qui l’avaient surpris.

Ô monsieur ! s’écrie une fort belle femme, tenant dans ses bras un enfant qu’elle vient de mettre au monde, quel dieu vous envoye au secours de cet infortuné ?… Vous voyez une créature au désespoir, monsieur, continua cette femme éplorée, en versant un torrent de larmes… ce misérable fruit de mon déshonneur n’allait voir le jour que pour le perdre aussi-tôt de ma main.

Avant que d’entrer avec vous, mademoiselle, dit Dorgeville, dans les motifs qui pouvaient vous porter à une aussi horrible action, permettez-moi de ne m’occuper d’abord que de votre soulagement ; il me semble que j’apperçois une grange à quelques cents pas d’ici,