Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/178

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vous, monsieur, et tant que le langage de la justice et de la raison régnera dans vos discours, ne redoutez jamais l’ennui pour moi. — Vous êtes adoré d’une jeune épouse pleine de charmes et de vertus, qu’on vous accuse de rendre bien malheureuse, monsieur ; n’ayant pour elle que son innocence et sa candeur, n’ayant que l’oreille de sa mère qui puisse écouter ses plaintes, vous idolâtrant toujours malgré vos torts, vous imaginez aisément quelle doit être l’horreur de sa position ! — Je voudrais, monsieur, que nous allassions au fait, il me semble que vous employez des détours ; quel est l’objet de votre mission ? — De vous rendre au bonheur, s’il était possible. — Donc, si je me trouve heureux comme je suis, vous ne devez plus rien avoir à me dire ? — Il est impossible, monsieur, que le bonheur puisse se trouver dans le crime. — J’en conviens ; mais celui qui, par des études profondes, par des réflexions mûres, a pu mettre son esprit au point de ne soupçonner de mal à rien, de voir avec la plus tranquille indifférence