Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/223

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de tous nos malheurs ; vous savez que je n’ai pas perdu ma vengeance de vue ; si je l’ai déguisée aux yeux de ma femme, vous en avez connu les motifs, vous les avez approuvé, vous m’avez aidé à former le bandeau, dont il était prudent de l’aveugler ; nous voici au terme, Eugénie, il faut agir, votre tranquillité en dépend, ce que vous allez entreprendre, assure à jamais la mienne ; vous m’entendez j’espère, et vous avez trop d’esprit, pour que ce que je vous propose, puisse vous alarmer un instant… Oui, ma fille, il faut agir, il le faut sans délais, il le faut sans remords, et ce doit être votre ouvrage. Votre mère a voulu vous rendre malheureuse, elle a souillé les nœuds qu’elle réclame, elle en a perdu les droits ; dès-lors, non-seulement elle n’est plus pour vous qu’une femme ordinaire, mais elle devient même votre plus mortelle ennemie ; or, la loi de la nature la plus intimement gravée dans nos âmes, est de nous défaire les premiers, si nous le pouvons, de ceux qui conspirent contre nous ; cette loi sacrée, qui nous meut et