Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/26

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nait), mais qu’on devait prévenir avant qu’elle n’arrivât, bien plutôt que de la châtier aussi durement quand il n’était plus temps de l’empêcher ; d’ailleurs, pour lui-même, Dorgeville serait-il bien aise d’afficher aux yeux de toute la province qu’il voulait bien prendre un intérêt aussi particulier à une malheureuse fille proscrite par ses parens et déshonorée dans l’opinion publique ? L’honnêteté de Dorgeville ne lui permit pas de s’arrêter à cette seconde considération, mais la première le décida, et il promit à Cécile qu’elle serait chez lui comme elle l’exigerait, qu’il la ferait passer dans l’intérieur pour une de ses cousines, et qu’elle ne verrait au dehors que le peu de personnes qu’elle desirerait ; Cécile remercia de nouveau son généreux ami, et l’on arriva.

Il est temps de le dire, Dorgeville n’avait pas vu Cécile sans une sorte d’intérêt mêlé d’un sentiment qui lui avait été inconnu jusqu’alors ; une âme comme la sienne, ne devait se rendre à l’amour qu’ammolie par la sensibilité, ou prépa-