Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/34

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flétrissure aux coupables, et pour ensevelir ces minuties, ceux qui se les sont permises, ne se plongeront plus dans un abîme de maux… Préjugés à part, où donc est l’infamie pour une pauvre fille qui, trop livrée au sentiment le plus naturel, a doublé son existence par excès de sensibilité ? De quel forfait est-elle coupable ? Où sont en cela les torts effrayans de son âme ou de son esprit ? Ne sentira-t-on jamais que la seconde faute n’est qu’une suite de la première, qui elle-même ne saurait en être une. Quelle impardonnable contradiction ! On élève ce malheureux sexe dans tout ce qui peut décider sa chûte, et l’on le flétrit quand elle est faite ! Pères barbares ! ne refusez pas à vos filles l’objet qui les intéresse ; par un égoïsme atroce, ne les rendez pas éternellement les victimes de votre avarice ou de votre ambition ; et, cédant à leurs penchans, sous vos lois, ne voyant plus en vous que des amis, elles se garderont bien de commettre les fautes où les contraignent vos refus : elles ne sont donc coupables que par