Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/40

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pour elle. — Vous en êtes digne, mademoiselle, reprit vivement Dorgeville ; une faute trop cruellement punie et par la manière dont on vous a traité, et plus encore par vos remords, une faute qui ne peut pas avoir de suite, puisque celui qui vous l’a fait commettre n’existe plus, une faute enfin qui ne sert qu’à mûrir votre esprit, et à vous donner cette fatale expérience de la vie, qu’on n’acquiert jamais qu’à ses dépends… Une telle faute, dis-je, ne vous dégrade nullement à mes yeux. Si vous me croyiez fait pour la réparer, je m’offre à vous, mademoiselle… Ma main, ma maison… ma fortune, tout ce que je possède est à votre service… prononcez. — Ô, monsieur, s’écria Cécile, pardonnez, si l’excès de ma confusion m’en empêche, devais-je m’attendre à de telles bontés de votre part, après les procédés de mes parens ? Et comment voulez-vous que je puisse me croire capable d’en pouvoir profiter ? — Bien éloigné de la rigueur de vos parens, je ne juge pas une légèreté comme un crime ; et