Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/64

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les sentimens de sa fille, et qu’à faire éclater les siens. Mais quoiqu’Amélie se tût, quoiqu’elle se contraignît, Monrevel soupçonnait que les arrangemens du comte de Sancerre ne déplaisaient pas à cette belle fille, il osait croire que ce n’eût pas été sans peine qu’Amélie, en eût vu un autre en possession de l’espoir de lui appartenir un jour.

Comment est-il, Amélie, disait Monrevel à sa belle maîtresse, dans un de ces courts instans où il n’était pas obsédé par les regards jaloux de madame de Sancerre, comment se peut-il qu’avec l’assurance d’être un jour l’un à l’autre, on ne vous permette même pas de me dire si ce projet vous contrarie, ou si je suis assez heureux pour qu’il ne vous déplaise point ? Eh quoi ! l’on s’oppose à ce que l’amant qui ne songe qu’à se rendre digne de faire votre bonheur, puisse savoir s’il peut y prétendre ! — Mais Amélie se contentant de regarder tendrement Monrevel, soupirait et rejoignait sa mère dont elle n’ignorait pas qu’elle devait tout craindre si jamais les