Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/73

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trainte, que vous ne cessiez de devenir dangereux pour lui, par la victoire certaine que vous remporterez sur vos sentimens. Ô ! Monrevel… Si votre choix étoit tombé sur un autre objet… ne vous jugeant plus à craindre dans mon château, je serais la première à vous presser d’y faire un plus long séjour… Et reprenant aussi-tôt, en lançant des regards enflammés sur le châtelain, eh quoi ! n’est-il donc qu’Amélie, dans ces lieux, qui puisse prétendre au bonheur de vous plaire ? Comme vous connaissez peu les cœurs qui vous entourent, si vous ne supposez que le sien capable d’avoir senti ce que vous valez ! Pouvez-vous donc supposer un sentiment bien solide dans l’âme d’un enfant ? Sait-on ce qu’on pense…… Sait-on ce qu’on aime à son âge ?… Croyez-moi, Monrevel, il faut un peu plus d’expérience pour savoir bien aimer. Une séduction est-elle une conquête ? Triomphe-t-on de qui ne sait pas se défendre ?… Ah ! la victoire n’est-elle pas plus flatteuse quand l’objet attaqué, connaissant toutes