Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/86

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telain, séduit par ces apparences trompeuses ; ah ! croyez, ajouta-t-il, en se précipitant aux pieds de la comtesse, croyez que tous les sentimens de mon cœur, qui ne seront pas de l’amour, vous appartiendront à jamais ; je n’aurai pas dans le monde de meilleure amie, vous serez à-la-fois, et ma protectrice et ma mère, et je vous consacrerai sans cesse tous les momens, où l’ivresse de ma passion pour Amélie ne me retiendra pas à ses pieds. Je serai flattée de ce qui me restera, Monrevel, reprit la comtesse en le relevant, tout est si cher de ce qu’on aime ; des sentimens plus vifs m’eussent sans doute touché d’avantage, mais dès que je n’y dois plus prétendre, je me contenterai de cette amitié sincère dont vous me faites les sermens, et je vous acquitterai par la mienne… Écoutez, Monrevel, je vais vous donner dès l’instant une preuve de ces sentimens que je vous jure : connaissez le desir que j’ai de faire triompher votre amour, et de vous captiver éternellement près de moi… Votre rival est